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Algodystrophie de la main

Publié le 14 mars 2016

L’algodystrophie au niveau de la main est liée à des douleurs et des troubles de vasomotricité. Cette algodystrophie est une affection douloureuse qui survient chez toutes les tranches d’âge et affecte les deux sexes. Cette pathologie dystrophique peut être handicapante. Quels sont les signes et les causalités de cette forme d’algodystrophie ? Et comment prendre en charge cette anomalie et impotence de la main ? Réponses avec notre spécialiste.

par Ema Farès

Avis du spécialiste Dr Rim Hajri Ben Ammar Rhumatologue

Comment déterminer une algodystrophie de la main ?
L’algodystrophie de la main n’est pas une pathologie fréquente. C’est un syndrome réflexe locorégional qui s’accompagne de douleurs et d’inflammations ainsi que d’une modification de la couleur de la peau. La coloration de la peau peut être rouge ou bleutée. C’est un trouble vasomoteur. On peut avoir une main chaude, des problèmes de sudation ou une main froide. Il peut y avoir une modification des phanères et des changements de l’apparence de la peau. Ce phénomène réflexe locorégional est douloureux à hyperalgique et survient dans la majorité des cas sur un terrain particulier. Par ailleurs, le mécanisme de survenue de cette anomalie est méconnu. Le médecin traite souvent les signes sans avoir à agir sur la causalité.

Quelles en sont les causes de l’algodystrophie de la main?
L’algodystrophie peut être secondaire à plusieurs facteurs comme un traumatisme du poignet ou du membre supérieur, une tuméfaction de la main, une dérégulation de thermorégulation, un syndrome diabétique ou une chirurgie. Cette pathologie va donner des douleurs, une raideur, c’est-à-dire une rigidité au niveau de la mobilité de la main, du poignet et même au niveau de l’épaule.

Quelles sont les étapes de l’évolution de l’algodystrophie de la main?
L’algodystrophie est classiquement une anomalie qui évolue en trois phases :

– La phase initiale est la phase chaude

– La seconde étape de ce trouble est la phase froide

– La troisième phase est la rétraction de la main.

La succession entre les différentes phases n’est pas systématique. Il y a des personnes qui développent une phase chaude où il n’y a pas les trois étapes et ces patients guérissent. En revanche, il y a des malades qui présentent les trois intervalles évolutifs de la maladie. La phase la plus grave dans l’algodystrophie est la rétraction de la main. Chaque phase peut durer de 6 semaines à deux mois.

Et les séquelles ?
A l’étape de la rétraction, le patient va avoir des difficultés à bouger sa main. La rétraction de la main va engendrer des séquelles sévères comme un doigt limité à la flexion ou bien toute la main qui présente un seuil limité de flexion-extension, un poignet qui ne va pas avoir toute son amplitude, difficile à faire bouger, la main ne ferme plus, etc. et dans certains cas, de petites fissures ou des fractures minimes peuvent survenir au niveau de la main.

Comment se fait le diagnostic de cette pathologie ?
Généralement, ce sont un rhumatologue, un orthopédiste ou un neurologue qui font l’examen clinique de cette maladie. Les orthopédistes sont confrontés à ce genre de pathologie surtout dans les cas de polytraumatisés ou ceux qui ont eu des immobilisations par un plâtre. Les neurologues rencontrent également beaucoup de cas d’algodytrophie, par exemple, dans le cas des accidents vasculaires cérébraux. Le diagnostic est clinique, c’est un phénomène inflammatoire qui touche toute la main qui va toucher à la fois les tissus sous-cutanés, les nerfs et les os. On réalise des radiographies et l’analyse de ces imageries comparatives permet de mettre en exergue une augmentation de la transparence osseuse, une déminéralisation osseuse locorégionale de la main. Il s’agit d’un des signes cliniques de l’algodystrophie. On peut également faire une imagerie par résonnance magnétique (IRM) pour avoir une précision sur toutes les modifications cutanées et dystrophiques et une confirmation éclairée du diagnostic. L’IRM est préconisée dans les cas difficiles. Généralement, dans le cas d’une inflammation de la main, d’un risque infectieux, on fait le bilan biologique pour voir la vitesse de la sédimentation (VS) et la CRP. Dans la plupart des cas d’algodystrophie, les radiographies sont suffisantes pour montrer l’algodystrophie de la main tout en remarquant une déminéralisation osseuse.

Quelles sont les personnes à risques ?
Les alcooliques ont plus de risques d’avoir une algodystrophie que les sujets normaux, les personnes qui font des accidents vasculaires cérébraux ou quand il y a une modification métabolique au niveau de l’organisme (diabète), ces anomalies vont être vécues par les articulations comme une agression et il va y avoir un phénomène réflexe au niveau d’une région comme la main.

Et la prise en charge ?
Lorsqu’on traite les patients dans la phase chaude, on va ralentir l’évolution de la maladie et aboutir à moins de conséquences et à moins de risques de rétraction. Si on ne fait pas le diagnostic à ce stade, le traitement de cette anomalie de la main devient plus long. La prise en charge permet de soulager le patient et décharger l’articulation selon les cas. Il n’existe pas un traitement spécifique de l’algodystrophie. Pour un patient qui a un métier manuel, il faut reposer l’articulation, mais en aucun cas il faut lui mettre une attelle, puisque l’immobilisation risque d’aggraver l’algodystrophie. En phase chaude, il faut donner des traitements anti-inflammatoires. On prescrit des bisphosphonates qui donnent de bons résultats. Ce sont des médicaments qui vont améliorer les phénomènes inflammatoires et agir sur l’ostéoporose. Par la suite, on peut prescrire des séances de rééducation kinésithérapeutique. La rééducation est très importante car elle va pouvoir éviter l’installation de la rétraction et la raideur de la main et maintenir ainsi les amplitudes des mouvements. Il faut faire des exercices de mobilisation non brutaux pour ne pas compliquer la maladie. Il s’agit de bouger la main du patient sans lui faire mal, ni léser l’articulation. Pour la phase froide de l’algodystrophie, il n’y a pas souvent de traitement médicamenteux, généralement c’est la rééducation qui permet d’apaiser le malade. Pour la phase réfractaire, on va faire un bilan complet, le patient peut guérir mais cela demande de longues années. Dans certaines complications, le chirurgien est bien placé pour réparer le mouvement articulaire de la main.

Quels conseils de prévention ?
Les conseils dépendent des patients. Par exemple, pour une personne qui fait un accident vasculaire cérébral (AVC), il faut mobiliser fréquemment les membres et les articulations. Pour une personne qui fait une fracture, c’est une réeducation kinésithérapeutique adaptée qui permet de rétablir l’articulation osseuse. Pour une personne diabétique, le patient doit exercer une activité sportive régulière pour tonifier ses muscles et il est important qu’il puisse améliorer son taux de glycémie afin d’aboutir à l’équilibre glycémique. Par ailleurs, en soupçonnant une algodystrophie, il faut tout de suite consulter un médecin traitant, parce que le fait de traiter tôt permet d’abréger et d’écourter la durée de la maladie.